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La valeur de la danse haptique par Saïd Gharbi

28 août 2023

La description audio des vidéos est intégrée dans le texte.

En Belgique, il y a un danseur aveugle qui nous a précédés. Son nom est Saïd et il vit à Bruxelles. Si vous connaissez quelque chose sur les aveugles et le théâtre de mouvement, vous connaissez aussi son nom. La première fois que je lui ai parlé, c'était au téléphone. Nous avons parlé pendant plus d'une heure de notre passion. Peu de temps après, nous avons planifié une rencontre. Pour les deux danseurs, la salle de danse à Koekelberg était l'endroit logique. 

Il m'a fallu du temps pour comprendre son "monde de la danse". En venant d'un arrière-plan visuel, sa théorie du mouvement était initialement difficile à comprendre pour moi. Cependant, je dois dire que ces derniers mois, j'ai eu un aperçu, une compréhension et même un profond respect pour ce qu'il fait. Tout d'abord, son objectif est similaire au nôtre : "relier le monde des voyants et des non-voyants par la danse". De plus, son expression de la danse est principalement formée par l'haptique, avec en plus le contact entre individus. Un médium efficace dans la danse. Ses mouvements sont fluides et dynamiques. Sa danse est pleine de sentiment et d'émotion. Tous ces éléments puissants sont nécessaires pour créer quelque chose de beau. 

Avec son style de jazz moderne, il choisit surtout l'expression et la physicalité à travers le contact avec l'autre. Une approche belle et importante. Il est un pionnier dans la danse pour les aveugles et les malvoyants, et donc indispensable dans le paysage de la danse. 

La danse unit et est intrinsèquement "inclusive". C'est également ce que Saïd Gharbi vise avec son art. 

J'interprète sa danse comme étant presque entièrement haptique. Les prochaines vidéos et photos apporteront plus de clarté. 

vidéo 1: Saïd demande de faire contact via le son. Nous sommes tous les deux dispersés dans la salle et essayons donc de nous trouver mutuellement par le son. Il claque des doigts, j'essaie de glisser avec mes pieds sur le sol de danse, ce qui produit également du son. Lorsque nous nous trouvons, il utilise ses mains comme contact permanent avec moi. Le sol est également un point de référence fixe pour Saïd. Il descend au sol et m'accompagne, en quelque sorte, vers le sol. Nous essayons de trouver l'harmonie en contact avec nous-mêmes et avec le sol. C'était la première fois que nous avions ce contact dans ce paysage. Bien sûr, la vidéo n'est qu'un petit essai et l'ensemble semble très expérimental. La recherche est importante. 

vidéo 2: Dans cette vidéo, je donne cours à 4 danseurs aveugles et 3 danseurs voyants. Dans la vidéo, vous pouvez voir que chacun danse individuellement, mais que Saïd est le seul à avoir un contact avec une danseuse voyante. Il l'utilise comme point d'ancrage et d'orientation. J'ai adopté cette configuration de sa part pour les exercices en ligne en salsa et bachata avec des étudiants et des élèves. Le partenaire de danse est l'outil le plus facile. Son expérience l'a su dès le début. Ce n'était pas mon cas. Maintenant, je suis reconnaissant pour cette perspective. 

vidéo 3: Montre la même chose que la vidéo 2 mais filmée depuis l'arrière des danseurs (dos à la caméra). Vous pouvez voir très clairement que Saïd reproduit les pas de base en contact avec sa partenaire voyante. Je fais référence à la vidéo 1 où je lève très haut ma jambe droite et croise ma jambe gauche devant. Saïd reproduit ce mouvement en se basant sur le sens du mouvement. Cela signifie qu'il a une grande "conscience corporelle" dans ses propres mouvements, mais aussi dans ceux du partenaire connecté. 

vidéo 4: Saïd et moi préparons une leçon de danse. Nous décidons de diviser l'haptique en 3 parties.
1. Contact avec le propre corps
2. Contact avec l'environnement (sol, mur)
3. Contact avec un autre danseur 

Dans la vidéo, il glisse ses mains et ses bras sur ses genoux et ses jambes pour ensuite chercher le sol. Avec son corps, il se fraye un chemin en contact avec le sol. 

vidéo 5: Saïd appelle cela "un voyage du corps" où il établit d'abord un contact avec son propre corps avec les mains, puis cherche l'autre avec les doigts. Michèle souhaite créer une sorte d'interaction dans le contact corporel en mouvement.